Rupture

Au mois de juin 2018, ce sont 35 900 ruptures conventionnelles qui ont Ă©tĂ© homologuĂ©es par les Direccte, Ă  laquelle il appartient en particulier de vĂ©rifier le versement d’une indemnitĂ© au moins Ă©gale Ă  l’indemnitĂ© de licenciement.

Pour autant, l’homologation n’exclut pas des difficultĂ©s ultĂ©rieures pour l’employeur, notamment Ă  l’occasion de contrĂŽles Urssaf. Deux situations illustrent ces difficultĂ©s.

Indemnité de rupture versée au salarié pouvant liquider sa retraite

La premiÚre est celle des ruptures conventionnelles conclues avec les salariés pouvant liquider une pension de retraite.

L’indemnitĂ© de rupture conventionnelle est exonĂ©rĂ©e d’impĂŽt sur le revenu et de cotisations de sĂ©curitĂ© sociale uniquement si le salariĂ© concernĂ© n’est pas en droit de bĂ©nĂ©ficier d’une pension de retraite d’un rĂ©gime de retraite lĂ©galement obligatoire (et dans la limite des plafonds d’exonĂ©ration fiscale et sociale). Cela signifie concrĂštement que l’indemnitĂ© versĂ©e Ă  un salariĂ©, dĂšs lors qu’il aura au moins 62 ans (Ăąge « lĂ©gal Â» de liquidation de la retraite au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral, en l’état actuel), sera nĂ©cessairement soumise Ă  impĂŽt sur le revenu et Ă  cotisations de sĂ©curitĂ© sociale dĂšs le premier euro. Il convient toutefois de rappeler que la liquidation d’une pension de retraite au rĂ©gime gĂ©nĂ©ral est possible, dans certains et diffĂ©rents cas, Ă  compter de 55 ans.

Ainsi, les Urssaf imposent aux employeurs de pouvoir justifier qu’un salariĂ© ĂągĂ© d’au moins 55 ans, pour lequel une rupture conventionnelle a Ă©tĂ© conclue, n’était pas en mesure de liquider une pension de retraite. Un simple relevĂ© de carriĂšre, ou une attestation sur l’honneur, est insuffisant : il est exigĂ© une attestation de la Carsat sur la situation des droits Ă  retraite. A dĂ©faut, les Urssaf procĂšdent systĂ©matiquement au redressement.

De nombreux recours sont engagĂ©s Ă  l’encontre de ces redressements (en effet, ces attestations ne peuvent que rarement ĂȘtre obtenues auprĂšs de la Carsat, et l’employeur ne peut pas subordonner une rupture conventionnelle Ă  la condition de la production par le salariĂ© de ce justificatif). Toutefois, pour le moment et de maniĂšre discutable, de nombreuses juridictions saisies ont confirmĂ© les redressements opĂ©rĂ©s


Versement d’indemnitĂ©s transactionnelles suite Ă  la rupture conventionnelle

La seconde est celle des indemnitĂ©s transactionnelles versĂ©es suite Ă  la rupture conventionnelle du contrat de travail. Cette pratique est courante, alors mĂȘme que la Cour de Cassation en a considĂ©rablement rĂ©duit la portĂ©e. En effet, pour cette derniĂšre, l’accord transactionnel conclu aprĂšs homologation (et nĂ©cessairement aprĂšs homologation) ne peut porter que sur un litige relatif Ă  l’exĂ©cution du contrat de travail, et en aucun cas sur sa rupture.

Il en rĂ©sulte :

  • qu’un salariĂ© ayant conclu un accord transactionnel, aprĂšs rupture conventionnelle, pourra toujours, en l’état de la jurisprudence, contester les conditions ou consĂ©quences de la rupture.
  • que les indemnitĂ©s transactionnelles versĂ©es dans une telle configuration devraient ĂȘtre soumises Ă  cotisations de sĂ©curitĂ© sociale, dĂšs le premier euro ; sauf Ă  venir rĂ©gler un litige Ă  caractĂšre indemnitaire relatif Ă  la seule exĂ©cution du contrat de travail (avec, nĂ©anmoins, une rĂ©ticence importante des Urssaf Ă  reconnaĂźtre ce caractĂšre indemnitaire et Ă  exonĂ©rer de cotisations de sĂ©curitĂ© sociale les indemnitĂ©s transactionnelles concernant un litige liĂ© Ă  l’exĂ©cution du contrat de travail)


Les lignes de partage sont donc relativement Ă©troites. A la faveur de ces considĂ©rations, la pratique des accords transactionnels postĂ©rieurs Ă  une rupture conventionnelle doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e avec vigilance